Bible de Paris

Quand vous lisez le titre, à quoi pensez-vous ?
Sans doute à une bible… de Paris !

En Europe vers le XIIe siècle, la population s’accroît, l’administration se complexifie, et le niveau d’éducation augmente. On voit l’apparition les premières universités dont la plus grande, celle de Paris. L’éducation amène une nouvelle réalité : les étudiants ont besoin de livres ! Des bibles, notamment.

Berlin, Staatliche Museen. Preussischer Kulturbesitz, Kupferstichkabinett, Min. 1233.
Miniature d’un manuscrit montrant un amphithéâtre d’université, datant de la seconde moitié du XIVe siècle.

Hors, leur fabrication s’effectue très lentement dans les monastères, et sont plus souvent destiné à un usage interne.

Le XIIIe siècle voit apparaître les premiers artisans urbains spécialisés, dont les libraires. Les étudiants se rendent chez ces derniers afin de se procurer leur propre bible : c’est ainsi qu’on voit apparaître les tout premiers livres portatifs, c’est à dire les premières possessions individuelles abordables ! Cela provoque une véritable évolution dans l’histoire du livre médiéval.

Pour une mise en contexte de l’époque, il faut se rappeler que seuls les rois, les ducs, les marquis, les comtes, bref les personnes de haut rang, pouvaient commander ou se procurer des livres richement enluminés. Le livre était un objet rare et respecté, voire même vénéré dans certains cas, notamment lorsqu’on lui attribuait des pouvoirs surnaturels.

Manuscrit du Compendium de UBC

Les Bibles de Paris se reconnaissent par leur écriture gothique très compacte et serrée. Elles sont très standardisées, et on retrouve beaucoup d’abréviations. Il y a présences de lettrines rouges et bleues, simplement travaillées. Le but n’est pas d’impressionner le lecteur, mais plutôt de fournir un support d’étude. Les ateliers prônaient la quantité plutôt que la qualité, une première dans l’histoire du livre.

En marge des manuscrits, on peut apercevoir de petites annotations de ce genre :

« Pecia quarta », f. 38r du manuscrit du Compendium de UBC

Ce sont les pecia quarta. Les étudiants pouvaient emprunter une ou plusieurs pecia, et demander à des scribes de recopier ces passages préalablement choisis.

Dis autrement, les étudiants désirant obtenir des copies précises de la bible, demandaient au libraire de donner à copier aux scribes uniquement les passages dont ils avaient besoin. Passages identifiés par les pecia quarta qu’on retrouvait en marge des manuscrits originaux.

Ici, d’autres exemples de pecia quarta :

Après un certain temps, cette façon de faire se répand en Europe. Vous aurez donc compris qu’une Bible de Paris ne provient pas toujours exclusivement de Paris. On appelle ainsi toute bible qui a été réalisée rapidement (donc moins soignée) dans le but de répondre à un besoin de support visuel rapide à un étudiant.

* Les informations contenues dans cet article proviennent principalement de mes notes de cours d’initiation à la paléographie, cours HIS4023 – Lecture des sources manuscrites, UQAM.

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