Après avoir marché sur les Chemins de Compostelle au printemps 2019, je peux vous affirmer que j’ai vécu tous les états d’esprit retrouvés dans la prière du pèlerin, composée par Jean Debruynne. La voici :
Je marcherai sous le soleil trop lourd,
sous la pluie à verse ou dans la tourmente.
En marchant, le soleil réchauffera mon cœur de pierre ;
la pluie fera de mes déserts un jardin.
À force d’user mes chaussures,
j’userai mes habitudes.
Je marcherai et ma marche sera démarche.
J’irais moins au bout de la route
qu’au bout de moi-même.
Je serai pèlerin.
Je ne partirai pas seulement en voyage.
Je deviendrai moi-même un voyage, un pèlerinage.
De retour chez moi, j’avais relu ces phrases et plus que jamais, elles résonnaient en moi.
C’est de cette façon que m’était venue l’idée d’enluminer cette prière pèlerine…
L’œuvre fait 21,5 x 28 cm et a été réalisée sur du papier Arches pressé à chaud.
Feuille d’or 23 K. Gouaches Windsor & Newton. Encres Ecoline rouge et Higgins Eternal noire.
Enluminure gothique, bordure réalisée principalement de fleuronnés bleus et rouges.
Présence d’une initiale historiée, texte calligraphié en gothique textura et ponctué de lettres d’inspiration tourneure.
Je voulais profiter de ce projet, que j’ai documenté visuellement, pour vous partager les principales étapes de réalisation d’une enluminure. Car bien souvent, les gens me posent des questions sur le temps que je mets à la réalisation d’une œuvre, mais n’imagine pas toute la préparation qu’il peut y avoir en amont…
Ainsi, lorsque j’ai trouvé mon idée, voici comment je procède généralement :
- D’abord, il y a la recherche préliminaire.
Quelle style/période de l’enluminure ai-je envie de privilégier ? Quelle grandeur l’œuvre fera-t-elle ? À cette étape, j’essaie d’évaluer la grandeur de bec de plume qui me sera nécessaire pour écrire le texte, la lettrine à travailler (le J dans ce cas-ci) et la mise en page générale.
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- Par la suite, je réajuste ma grosseur de bec de plume et j’approfondie ma mise en page : je commence à réaliser des croquis plus précis. Dans ce cas-ci, celle de l’initiale historiée et de la bordure.
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- Après transposition de mon tracé final sur mon papier Arches et traçage des réglures (lignes fines qui recevront le texte), je pose la feuille d’or.
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- Puis, je calligraphie le texte.
Bec de plume utilisés dans ce cas-ci : 1.5 mm (C4) pour le titre et 1 mm (C5) pour le texte.
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- Et finalement, je pose les couleurs en aplat, les rehauts et enfin les cernes.
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Vous avez maintenant une petite idée de tout le travail qui peut se cacher derrière une page enluminée – du moins lorsqu’elle est issue de notre propre création !