Semi-onciale irlandaise

Je suis en train d’apprendre la semi-onciale irlandaise, également appelée semi-onciale celte. Elle fut notamment pratiquée au cours des VIIIe et IXe siècles. Le très célèbre livre de Kells a été réalisé dans ce style d’écriture.

C’est en toute humilité que je vous présente ce court texte, car j’en suis à mes premiers balbutiements dans cette calligraphie! Et c’est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît… En effet, la semi-onciale irlandaise est plus raffinée que la onciale des VIe et VIIe siècles (que je pratique déjà depuis plusieurs années). En traçant avec soin chacune des lettres, je réalise le travail de moine (c’est le cas de le dire!) que représentait le travail des moines copistes de cette époque.

semi-onciale irlandaise

Je vous invite à porter une attention particulière aux lettres suivantes : les g et les n. Par exemple, remarquez le g dans le mot « regum » (situé à gauche, vers le bas), et le n dans le mot « unde » (situé au milieu). Regardez bien aussi l’apex (l’empattement supérieur de la lettre) présente dans plusieurs lettres (d, l, u, etc.) : il ressemble à un petit triangle de côté.

Vous serez maintenant capable de reconnaître un g et un n dans le livre de Kells (ici, folio 103r) :

book of kells_g et n

Ci-dessous, admirez les esperluettes des lettres e et g puis e et t, présentent respectivement dans les mots « regnum » et « eterunt ». Elles sont très nombreuses dans les textes du livre de Kells.

semi-onciale irlandaise_ET et EG

Ci-dessous, dans le folio 15v, voyez la particularité des lettres y et z.

semi-onciale irlandaise_lettre Y et Z_folio 15v

Les signes de ponctuations sont également très différentes de celles retrouvées de nos jours.
Si vous observez le texte que j’ai calligraphié, vous verrez parfois un, deux ou trois points. Le point est l’équivalent de la virgule d’aujourd’hui, les deux points égalent le point moderne, et le trois points nous informe de la fin d’un paragraphe. Non visible sur mon texte, le point d’interrogation se reconnaît par un s couché.

Mieux connaître les caractéristiques des écritures passées nous permet de mieux les apprécier! Et surtout, de pouvoir lire et comprendre le texte.

*Il est maintenant possible de consulter le livre de Kells en ligne :
http://digitalcollections.tcd.ie/home/index.php?DRIS_ID=MS58_003v

Série Vikings et les enluminures

Lorsque je suis tombée par hasard sur la série canado-irlandaise Vikings, j’ai eu un véritable coup de foudre ! Plusieurs événements relatés sont inspirés d’histoires vraies.

La plupart des séries qui se déroulent dans le passé abordent les guerres, les luttes de pouvoir, les histoires d’amour, etc. La série Vikings n’y fait pas exception. Toutefois, elle a su aborder quelques bribes d’un versant de notre histoire occidentale souvent méconnue du grand public : les manuscrits enluminés. C’est avec émotion que j’ai regardé l’histoire se dérouler sous mes yeux…

Dès la première saison, Ragnar Lothbrok et sa bande débarque sur une île d’Angleterre pour piller et brûler le monastère de Lindisfarne.

Monastere

Cette attaque créera une onde de choc dans la chrétienté : elle marquera le début de l’époque viking.  C’est aussi un moment fort de l’histoire puisqu’on fait la rencontre d’Athelstan, un moine copiste qui aura un grand rôle à jouer dans la série.

Ragnar rencontre Athelstan

Les Vikings sont avides de richesses. Pendant qu’ils pillent le monastère, Ragnar découvre un moine caché, maintenant contre lui un livre auquel il semble très attaché. D’abord surpris de constater que le moine parle la même langue que lui, il lui demande pourquoi il a choisi de sauver « ça » — le livre, plutôt que tous les autres trésors en or. Athelstan répond naturellement que le livre contient la parole de Dieu. Les autres vikings veulent tuer le moine, mais Ragnar s’y oppose. Il parle leur langue et pourrait leur être utile.

Athelstan devient l’esclave de Ragnar, du moins pour un certain temps. Un soir, pendant que le moine entend bien malgré lui les ébats amoureux du viking et de sa femme, il essaie de trouver un peu de réconfort dans son fameux livre. On voit donc ce que le chrétien lit : un livre manuscrit et enluminé. Peut-être l’évangéliaire de Lindisfarne ?

Enluminure1

Dans la deuxième saison, le roi Ecbert montre à Athelstan son antre secrète, là où sont entreposés des manuscrits romains.

antre secrete du roi ecbert

Inquiet des invasions barbares (sous entendu les non chrétiens, particulièrement ceux provenant d’Europe du Nord — en l’occurrence les Vikings) il confie au moine la noble tâche de recopier les précieux manuscrits afin de les préserver à jamais.

athelstan copiste

athelstan ecrit

Durant la saison quatre, dans le but de satisfaire la princesse Judith, le roi Ecbert lui trouve un moine enlumineur afin qu’il lui enseigne l’art de l’enluminure.

production enluminure

Judith peint

Judith peint1

Judith peint2

On a beau lire dans les livres d’histoire les événements du passé, mais rien n’égale le fait de voir le regard guerrier d’un viking ; de sentir la peur viscérale chez les moines ; de capter la magie et l’espoir dans les yeux d’un humain lorsqu’ils les posent sur un livre sacré…

La série Vikings a permis de rendre tangible, une réalité depuis longtemps oubliée.

Source : Les images sont des copies d’écran youtube de la série Vikings.